Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/269

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que possible, et alors un mot suffisait pour amener une réaction dans son esprit ; mais, en lui rendant le sentiment de sa force, on lui rendait aussi l’indifférence. Combien de fois, lorsqu’on l’engageait à travailler, a-t-il répondu : « À quoi bon ? Qui s’en souciera ? Qui m’en saura gré ? »

On a vu que, déjà, en 1840, il ne voulait plus écrire qu’en vers. Après la publication du Souvenir, il ne voulut plus rimer que pour son plaisir. À partir de cet instant, des sonnets, des chansons, des stances commencèrent à traîner pêle-mêle sur sa table. Il s’amusait à les écrire à la hâte, quelquefois en abrégé, sur des chiffons de papier, sur une enveloppe de lettre, sur la marge d’une lithographie ou la couverture d’une romance, comme pour établir que tout cela n’intéressait que lui et ne devait pas voir le jour. J’attendais qu’un stimulant quelconque vînt le réveiller ; malheureusement il ne lui arrivait du dehors que des impressions fâcheuses, car il y a des moments dans la vie où les ennuis s’appellent entre eux, se complètent, s’aggravent les uns par les autres avec une sorte d’enchaînement logique.

J’ai dit comment les relations amicales entre Rachel et son défenseur s’étaient refroidies. Pendant ce temps-là, Pauline Garcia s’était éloignée. Il faut bien l’avouer à la honte des Parisiens, le fond du public n’avait pas suivi l’impulsion donnée par les gens de goût dans les premiers débuts de la jeune cantatrice.