Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/276

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bonnes ou mauvaises, renferment implicitement une sorte d’engagement de me taire ? À la vérité, il reste à savoir si je tiendrai parole ; mais quand on verra que mon dédain est réel et sincère, comme il l’est en effet, je ne donnerai plus d’ombrage à personne. Ceux qui font semblant de ne pas savoir que j’existe, consentiront à s’en apercevoir. Suis-je un expéditionnaire ou un commis rédacteur pour qu’on me chicane sur l’emploi de mon temps ? J’ai beaucoup écrit ; j’ai fait autant de vers que Dante et que le Tasse. Qui, diantre, s’est jamais avisé de les appeler des paresseux ? Lorsqu’il a plu à Gœthe de se croiser les bras, qui donc lui a jamais reproché de s’amuser trop longtemps aux bagatelles de la science ? Je ferai comme Gœthe jusqu’à ma mort, si cela me convient. Ma muse est à moi ; je montrerai au public qu’elle m’obéit, que je suis son maître, et que, pour obtenir d’elle quelque chose, c’est à moi qu’il faut plaire. »

Lorsque Tattet vint à son tour demander des explications sur les résolutions de son ami, il lui fut répondu par ces deux vers :


Le mal des gens d’esprit, c’est leur indifférence ;
Celui des gens de cœur, leur inutilité.


Quinze jours après la publication de l’épître Sur la paresse, le numéro suivant de la Revue des Deux-Mondes devait contenir un article de M. Sainte-Beuve. En lisant les épreuves de cet article, M. Buloz