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CHŒUR DES PEINTRES.

Ni les sentiers battus, ni les règles antiques,
Ô puissant Créateur, n’ont été faits pour toi.
Libre comme les vents, la loi que tu pratiques
  Est de vivre sans loi.


ROMANO.

Allori, le grand-duc forme une académie ;
Il t’en nomme le chef. Les arts, en Italie,
Meurent d’une honteuse et misérable mort.


ALLORI.

Mourir avant le temps est un bienfait du sort.
Allons, nobles seigneurs, entrons chez ma maîtresse.


LE CHŒUR.

Où sont, Cristofano, les jours de ta jeunesse ?
Alors, on te voyait, autour des lourds arceaux,
Sur les murs des palais, promenant tes pinceaux,
Verser assidûment la couleur et la vie.
Te voilà pâle et triste. Est-ce la jalousie
Qui t’a fait, comme un spectre, errer toute la nuit ?
Quel usage as-tu fait de ce jour qui s’enfuit ?
Prends garde au noir chagrin qui mène à la folie.
Il est un sûr remède à la mélancolie :
Le travail, le travail ! — Cesse donc de rêver.
La peinture se meurt, et tu peux la sauver.


ALLORI.

Elle est morte d’ennui, de froid et de vieillesse.
Allons, nobles seigneurs, entrons chez ma maîtresse…


Il existait encore un fragment de scène où Allori, ayant saisi des preuves certaines de l’infidélité de sa maîtresse, faisait à son élève Romano la confidence de sa jalousie et de son désespoir. L’auteur aura sans