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ton et les manières des femmes du grand monde. Un jour, à Saint-Pétersbourg, on lui conseilla d’aller voir une pièce qui se jouait sur un petit théâtre et dans laquelle était un joli rôle de femme qui pouvait lui convenir. On fit la partie de plaisir d’aller à ce petit théâtre. On vit la petite pièce russe, et madame Allan-Despréaux en fut si contente qu’elle en demanda une traduction en français, pour la jouer devant la cour. Or, cette pièce était le Caprice, et peu s’en fallut qu’on ne le traduisît dans la langue où il avait été écrit. L’empereur Nicolas aurait certainement commandé ce travail, si une personne au courant de la littérature française, comme il s’en trouve beaucoup en Russie, — plus même qu’en France, — n’eût averti madame Allan que la pièce russe, dont le mérite l’avait tant frappée, n’était elle-même qu’une traduction. Le volume qui contenait le Caprice courait les rues à Saint-Pétersbourg ; on en donna un exemplaire à madame Allan, et cette pièce fut jouée devant la cour, qui la trouva charmante.

À Paris, nous ne savions rien de tout cela. Lorsque M. Buloz, administrateur de la Comédie française, eut traité avec madame Allan par correspondance, pour sa rentrée au Théâtre-Français, elle voulut reparaître devant le public de Paris dans les deux rôles de Célimène et de madame de Léry. Excepté M. Buloz, tout le monde, à la Comédie française, s’étonna de ce choix. On ne savait d’où tombait