Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/350

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secours de la parole, il savait se faire ouvrir la porte de la maison, et mener à bien une transaction commerciale. Je ne le louerai pas de son amour pour son maître, ce serait l’offenser : Marzo ne comprendrait pas que la reconnaissance soit un mérite et le dévouement une vertu. Il ignorera toujours que parmi l’engeance des humains, il existe des ingrats et des envieux. Aujourd’hui, parvenu à l’âge caduc, il se souvient encore de celui qui n’est plus, et quand la gouvernante, sa dernière et fidèle amie, lui parle de son maître, il dresse encore l’oreille, et témoigne qu’il pense à lui, qu’il l’aime, et qu’il l’attend toujours[1].

Tattet, qui ne respectait pas assez le phénomène de la vie, se débarrassa d’un vieux chien qui l’incommodait, en le faisant tuer. Alfred de Musset, indigné de cette cruauté, accabla son ami de reproches et le battit froid pendant longtemps. Pour obtenir son pardon, Tattet fut obligé de reconnaître qu’il avait eu tort, et d’en exprimer le regret.

  1. Marzo est mort de vieillesse le 28 août 1864, entouré de soins et pleuré de son amie. Madame Martelet, ne voulant pas que le corps de Marzo fût jeté au tombereau, chargea son mari de l’aller enterrer. Le mari part de grand matin portant Marzo enveloppé dans un journal. Il va jusqu’à Auteuil et voit des ouvriers terrassiers qui travaillaient. Il leur demande la permission de déposer le corps dans le terrain qu’ils étaient en train de remuer. Marzo est enseveli sous une charretée de terre dans une rue nouvelle qui, depuis, s’est appelée la rue de Musset.
    P. M.