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DEUXIÈME PARTIE

pas jeune encore ? ne suis-je pas belle aussi ? On me le dit partout. Et mon cœur ! en est-il un plus capable d’aimer ? Le feu qui me consume, qui me dévore, ce feu brûlant de l’Italie qui redouble mes sens et me fait triompher alors que tous les autres cèdent, est-ce donc chose horrible ? Dis… un homme, un amant, qu’est-ce, près de moi ? Deux ou trois luttes l’abattent, le renversent ; à la quatrième il râle impuissant, ses reins plient dans le spasme du plaisir. C’est pitié ! Moi, je reste encore forte, frémissante, inassouvie ! Oh ! oui, je personnifie les joies ardentes de la matière, les joies brûlantes de la chair ! Luxurieuse, implacable, je donne un plaisir sans fin, je suis l’amour qui tue !