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GAMIANI

Gamiani, à genoux sur un tapis, l’attire sur son sein, l’entoure de ses bras.

Silencieuse, elle la contemple avec langueur… Bientôt les agaceries recommencent. Les baisers se répondent, les mains volent, habiles au toucher. Les yeux de Fanny expriment le désir et l’attente ; ceux de Gamiani, le désordre des sens. Colorées, animées par le feu du plaisir, toutes deux semblaient étinceler à mes yeux ; ces furies délirantes, à force de rage et de passion, poétisaient en quelque sorte l’excès de leur débauche : elles parlaient à la fois aux sens et à l’imagination.

J’avais beau me raisonner, condamner en moi ces absurdes folies, je fus bientôt ému, échauffé, possédé de désirs. Dans l’impossibilité où j’étais d’aller me mêler à