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GAMIANI

L’extase passée, loin d’être abattue, je me précipite de plus belle sur mon habile compagne ; je la mange de caresses. Je prends sa main, je la porte à cette même place qu’elle vient d’irriter si fort. La supérieure me voyant de la sorte, s’oublie elle-même, s’emporte comme une bacchante. Toutes deux nous disputons d’ardeur, de baisers, de morsures !… Quelle agilité, quelle souplesse cette femme avait dans les membres ! Son corps se pliait, s’étendait, se roulait à m’étourdir. Je n’y étais plus. J’avais à peine le temps de rendre un seul baiser à tous ceux qui me pleuvaient de la tête aux pieds. Il me semblait que j’étais mangée, dévorée en mille endroits ! Cette incroyable activité d’attouchement lubrique me mit dans un état qu’il est impossible de décrire. Ô Fanny !