Page:Musset - Gamiani ou deux nuits d’excès (éd. Poulet-Malassis), 1866.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
DEUXIÈME PARTIE

homme de chair et d’os ; c’était un moine !… Je m’échappai subitement de ses bras avec un rire affreux. Le prisme était brisé ; un souffle impur avait éteint ce rayon d’amour, ce rayon des cieux qui ne brille qu’une fois en la vie ; mon âme n’existait plus. Les sens surgirent seuls, et je repris ma vie première…

FANNY.

Tu revins aux femmes ?

GAMIANI.

Non ! je voulus auparavant rompre avec les hommes. Pour n’avoir plus de désirs ou de regret, j’épuisai tout le plaisir qu’ils peuvent nous donner. Par le moyen d’une célèbre entremetteuse, je fus exploitée tour à tour par les plus habiles, les plus vi-