Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/64

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un squelette. Ce fut le premier accès de colère que j’éprouvai.

L’homme que j’avais surpris auprès de ma maîtresse était un de mes amis les plus intimes. J’allai chez lui le lendemain, accompagné d’un jeune avocat nommé Desgenais ; nous prîmes des pistolets, un autre témoin, et fûmes au bois de Vincennes. Pendant toute la route, j’évitai de parler à mon adversaire et même de l’approcher ; je résistai ainsi à l’envie que j’avais de le frapper ou de l’insulter, ces sortes de violence étant toujours hideuses et inutiles, du moment que la loi permet le combat en règle. Mais je ne pus me défendre d’avoir les yeux fixés sur lui. C’était un de mes camarades d’enfance, et il y avait eu entre nous un échange perpétuel de services depuis nombre d’années. Il connaissait parfaitement mon amour pour ma maîtresse et m’avait même plusieurs fois fait entendre clairement que ces sortes