Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/122

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Nous arrivâmes tout essoufflés ; j’avais autour du corps une courroie, et je portais de quoi boire dans une bouteille d’osier ; lorsque nous fûmes sur la roche, ma chère Brigitte me demanda ma bouteille ; je l’avais perdue, aussi bien qu’un briquet qui nous servait à un autre usage ; c’était à lire les noms des routes écrits sur les poteaux, quand nous nous étions égarés, ce qui arrivait continuellement. Je grimpais alors aux poteaux, et il s’agissait d’allumer le briquet assez à propos pour saisir au passage les lettres à demi effacées ; tout cela follement, comme deux enfants que nous étions. Il fallait nous voir dans un carrefour, lorsqu’il y avait à déchiffrer, non pas un poteau, mais cinq ou six, jusqu’à ce que le bon se trouvât. Mais ce soir-là tout notre bagage était resté dans l’herbe. « Eh bien ! me dit Brigitte, nous passerons la nuit ici ; aussi bien, je suis fatiguée. Ce rocher est un lit un peu dur ; nous