Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/138

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plus féconde encore d’inquiétude et de tourments.

Je sentis si vivement mes torts, que je me fis honte à moi-même. Après tant de promesses, tant d’exaltation inutile, tant de projets et tant d’espérances, voilà, en somme, ce que j’avais fait, et dans l’espace de trois mois. Je me croyais dans le cœur un trésor, et il n’en était sorti qu’un fiel amer, l’ombre d’un rêve, et le malheur d’une femme que j’adorais. Pour la première fois je me trouvais réellement en face de moi-même ; Brigitte ne me reprochait rien ; elle voulait partir et ne le pouvait pas ; elle était prête à souffrir encore. Je me demandai tout à coup si je ne devais pas la quitter, si ce n’était pas à moi de la fuir et de la délivrer d’un fléau.

Je me levai, et passant dans la chambre voisine, j’allai m’asseoir sur la malle de Brigitte. Là, j’appuyai mon front dans mes mains et demeurai comme anéanti. Je regardais