Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/153

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Quoi qu’il en soit, au lieu de veiller sur nous et de nous défendre de la curiosité, nous prîmes au contraire un genre de vie plus libre et plus insouciant que jamais.

J’allais chez elle à l’heure du déjeuner ; n’ayant rien à faire dans la journée, je ne sortais qu’avec elle. Elle me retenait à dîner, la soirée s’ensuivait par conséquent ; bientôt, lorsque l’heure de rentrer arrivait, nous imaginâmes mille prétextes, nous prîmes mille précautions illusoires qui, au fond, n’en étaient point. Enfin je vivais, pour ainsi dire, chez elle, et nous faisions semblant de croire que personne ne s’en apercevait.

Je tins parole quelque temps, et pas un nuage ne troubla notre tête-à-tête. Ce furent d’heureux jours ; ce n’est pas de ceux-là qu’il faut parler.

On disait partout dans le pays que Brigitte vivait publiquement avec un libertin arrivé de Paris ; que son amant la maltraitait, que