Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/176

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un temple consacré à l’amour, pour m’y laver dans un baptême et m’y couvrir d’un vêtement distinct que rien désormais n’eût pu m’arracher.

J’ai vu le saint Thomas du Titien poser son doigt sur la plaie du Christ, et j’ai souvent pensé à lui ; si j’osais comparer l’amour à la foi d’un homme en son Dieu, je pourrais dire que je lui ressemblais. Quel nom porte le sentiment qu’exprime cette tête inquiète, presque doutant encore et adorant déjà ? Il touche la plaie ; le blasphème étonné s’arrête sur ces lèvres ouvertes, où la prière se pose doucement. Est-ce un apôtre ? est-ce un impie ? se repent-il autant qu’il a offensé ? Ni lui, ni le peintre, ni toi qui le regardes, vous n’en savez rien ; le Sauveur sourit, et tout s’absorbe comme une goutte de rosée dans un rayon de l’immense bonté.

C’est ainsi que, devant Brigitte, j’étais muet et comme surpris sans cesse ; je tremblais