Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/195

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un dernier scrupule ? Mais cette gaîté qu’il y a huit jours Brigitte montrait du matin au soir, ces projets si doux, quittés, repris sans cesse, ces promesses, ces protestations, tout cela pourtant était franc, réel, sans aucune contrainte. C’était malgré moi qu’elle voulait partir. Non, il y a là quelque mystère ; et comment le savoir, si maintenant, quand je la questionne, elle me paie d’une raison qui ne peut être la véritable ? Je ne puis lui dire qu’elle ment ni la forcer à répondre autre chose. Elle me dit qu’elle veut toujours partir ; mais si elle le dit de ce ton, ne dois-je pas refuser absolument ? Puis-je accepter un sacrifice pareil, quand il s’accomplit comme une tâche, comme une condamnation ? quand ce que je croyais m’être offert par l’amour, j’en viens pour ainsi dire à l’exiger de la parole donnée ? Ô Dieu ! serait-ce donc cette pâle et languissante créature que j’emporterais dans mes bras ? N’emmènerais-