Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Comment se fait-il qu’il y ait ainsi en nous je ne sais quoi qui aime le malheur ?

Chaque jour un mot, un éclair rapide, un regard, me faisaient frémir ; chaque jour un autre mot, un autre regard, par une impression contraire, me rejetaient dans l’incertitude. Par quel mystère inexplicable les voyais-je si tristes tous deux ? Par quel autre mystère restais-je immobile, comme une statue, à les regarder, lorsque dans plus d’une occasion semblable je m’étais montré violent jusques à la fureur ? Je n’avais pas la force de bouger, moi qui m’étais senti en amour de ces jalousies presque féroces, comme on en voit en Orient. Je passais mes journées à attendre, et je n’aurais pu dire ce que j’attendais. Je m’asseyais le soir sur mon lit, et je me disais : « Voyons, pensons à cela. » Je mettais ma tête dans mes mains, puis je m’écriais : « C’est impossible ! » et je recommençais le jour suivant.