Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sans danger de perdre sa place, et il nous répondit, non sans regret, que cette raison l’empêchait d’accepter. Cependant j’avais fait monter une bouteille de bon vin, et, tout en continuant de le presser, moitié en riant, moitié sérieusement, nous nous étions animés tous trois. Après dîner je sortis un quart d’heure pour m’assurer que mes ordres étaient suivis ; puis je rentrai d’un air joyeux, et, m’asseyant au piano, je proposai de faire de la musique. « Passons ici notre soirée, leur dis-je ; si vous m’en croyez, n’allons pas au spectacle ; je ne suis pas capable de vous aider, mais je le suis de vous entendre. Nous ferons jouer Smith, s’il s’ennuie, et le temps passera plus vite qu’ailleurs. »

Brigitte ne se fit pas prier, elle chanta de bonne grâce ; Smith l’accompagnait sur son violoncelle. On avait apporté de quoi faire du punch, et bientôt la flamme du rhum brûlant nous égaya de sa clarté. Le piano fut quitté