Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/262

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cette gaîté-là. » Elle resta muette, consternée de voir que je ne me trompais pas à ses paroles, et que je la devinais malgré ses efforts.

« Pourquoi nous abuser ? continuai-je. Suis-je donc si bas dans votre estime que vous puissiez feindre devant moi ? Ce malheureux et triste voyage, vous y croyez-vous donc condamnée ? suis-je un tyran, un maître absolu ? suis-je un bourreau qui vous traîne au supplice ? Que craignez-vous donc de ma colère pour en venir à de pareils détours ? quelle terreur vous fait mentir ainsi ?

— Vous avez tort, répondit-elle ; je vous en prie, pas un mot de plus.

— Pourquoi donc si peu de sincérité ? Si je ne suis pas votre confident, ne puis-je du moins être traité en ami ? si je ne puis savoir d’où viennent vos larmes, ne puis-je du moins les voir couler ? N’avez-vous pas même cette confiance de croire que je respecte vos