Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/293

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même, cette mort passagère d’un être qui ne pouvait plus souffrir, témoignait assez là-dessus ; ce silence venu tout à coup, cette douceur qu’elle avait montrée en revenant si tristement à la vie, ce pâle visage, et jusqu’à ce baiser, tout me disait que c’en était fait, et, quelque lien qui pût nous unir, que je l’avais rompu pour toujours. De même qu’elle dormait maintenant, il était clair qu’à la première souffrance qui lui viendrait de moi elle s’endormirait du sommeil éternel. L’horloge sonna, et je sentis que l’heure écoulée emportait ma vie avec elle.

Ne voulant appeler personne, j’avais allumé la lampe de Brigitte ; je regardais cette faible lueur, et mes pensées semblaient flotter dans l’ombre comme ses rayons incertains.

Quoi que j’eusse pu dire ou faire, jamais l’idée de perdre Brigitte ne s’était encore présentée à moi. J’avais cent fois voulu la quitter ; mais qui a aimé en ce monde et ne sait ce qui en est ? Ce n’était