Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/302

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femme que Dieu t’envoyait comme il envoie la rosée à l’herbe, elle n’aura fait que glisser sur ton cœur. Cette créature qui à la face du ciel était venue les bras ouverts pour te donner sa vie et son âme, elle se sera évanouie comme une ombre, et il n’en restera pas seulement le vestige d’une apparence. Pendant que tes lèvres touchaient les siennes, pendant que tes bras entouraient son cou, pendant que les anges de l’éternel amour vous enlaçaient comme un seul être des liens de sang de la volupté, vous étiez plus loin l’un de l’autre que deux exilés aux deux bouts de la terre, séparés par le monde entier. Regarde-la, et surtout fais silence. Tu as encore une nuit à la voir, si tes sanglots ne l’éveillent pas. »

Peu à peu, ma tête s’exaltait, et des idées de plus en plus sombres me remuaient et m’épouvantaient ; une puissance irrésistible m’entraînait à descendre en moi.