Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/304

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qui avait aimé Brigitte, qui l’avait offensée, puis insultée, puis délaissée, quittée pour la reprendre, remplie de craintes, assiégée de soupçons, jetée enfin sur ce lit de douleur où je la voyais étendue, c’était moi ! Je me frappais le cœur, et en la voyant, je n’y pouvais croire. Je contemplais Brigitte ; je la touchais comme pour m’assurer que je n’étais pas trompé par un songe. Mon propre visage que j’apercevais dans la glace, me regardait avec étonnement. Qu’était-ce donc que cette créature qui m’apparaissait sous mes traits ? qu’était-ce donc que cet homme sans pitié qui blasphémait avec ma bouche et torturait avec mes mains ? Était-ce lui que ma mère appelait Octave ? était-ce lui qu’autrefois, à quinze ans, parmi les bois et les prairies, j’avais vu dans les claires fontaines où je me penchais avec un cœur pur comme le cristal de leurs eaux ?

Je fermais les yeux, et je pensais aux jours