Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/307

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jamais au mal, que feras-tu de l’autre qui lui appartiendra ? Tu palperas de ta main gauche les plaies qu’ouvrira ta main droite ; tu feras un suaire de ta vertu pour y ensevelir tes crimes ; tu frapperas, et, comme Brutus, tu graveras sur ton épée les bavardages de Platon ! À l’être qui t’ouvrira ses bras, tu plongeras au fond du cœur cette arme ampoulée et déjà repentante ; tu conduiras au cimetière les restes de tes passions, et tu effeuilleras sur leurs tombes la fleur stérile de ta pitié ; tu diras à ceux qui te verront : « Que voulez-vous ! on m’a appris à tuer, et remarquez que j’en pleure encore, et que Dieu m’avait fait meilleur. » Tu parleras de ta jeunesse, tu te persuaderas toi-même que le ciel doit te pardonner, que tes malheurs sont involontaires, et tu harangueras tes nuits d’insomnie pour qu’elles te laissent un peu de repos.

« Mais, qui sait ? tu es jeune encore. Plus tu