Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/324

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brûlent, elles s’éteignent et s’allument, elles descendent et remontent, elles se suivent et s’évitent, elles s’enlacent comme des anneaux ; elles portent à leur surface des milliers d’êtres renouvelés sans cesse ; ces êtres s’agitent, se croisent aussi, se serrent une heure les uns contre les autres, puis tombent, et d’autres se lèvent ; là où la vie manque, elle accourt ; là où l’air sent le vide, il se précipite ; pas un désordre, tout est réglé, marqué, écrit en lignes d’or et en paraboles de feu ; tout marche au son de la musique céleste sur des sentiers impitoyables, et pour toujours ; et tout cela n’est rien ! Et nous, pauvres rêves sans nom, pâles et douloureuses apparences, imperceptibles éphémères, nous qu’on anime d’un souffle d’une seconde pour que la mort puisse exister, nous nous épuisons de fatigue pour nous prouver que nous jouons un rôle et que je ne sais quoi s’aperçoit de nous. Nous hésitons à nous tirer