Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/334

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mirent chacun une à leur doigt. Après une courte promenade, ils allèrent déjeuner aux Frères-Provençaux, dans une de ces petites chambres élevées d’où l’on découvre, dans tout son ensemble, l’un des plus beaux lieux qui soient au monde. Là, enfermés en tête à tête, quand le garçon se fut retiré, ils s’accoudèrent à la fenêtre et se serrèrent doucement la main. Le jeune homme était en habit de voyage ; à voir la joie qui paraissait sur son visage, on l’aurait pris pour un nouveau marié montrant pour la première fois à sa jeune femme la vie et les plaisirs de Paris. Sa gaîté était douce et calme comme l’est toujours celle du bonheur. Qui eût eu de l’expérience, y eût reconnu l’enfant qui devient homme, et dont le regard plus confiant commence à raffermir le cœur. De temps en temps il contemplait le ciel, puis revenait à son amie, et des larmes brillaient dans ses yeux ; mais il les laissait couler sur ses joues et