Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/61

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avait fait depuis que nous nous connaissions, ce qu’elle m’avait vu souffrir, ce qu’elle avait souffert elle-même ; comme elle avait voulu mille fois quitter le pays et fuir son amour ; comme elle avait imaginé tant de précautions contre moi ; qu’elle avait pris conseil de sa tante, de Mercanson et du curé ; qu’elle s’était juré à elle-même de mourir plutôt que de céder, et comme tout cela s’était envolé sur un certain mot que je lui avais dit, sur tel regard, sur telle circonstance ; et, à chaque confidence, un baiser. Ce que je trouvais de mon goût dans sa chambre, ce qui avait attiré mon attention, parmi les bagatelles dont ses tables étaient couvertes, elle voulait me le donner, que je l’emportasse le soir même et que je le misse sur ma cheminée ; ce qu’elle ferait dorénavant, le matin, le soir, à toute heure, que je le réglasse à mon plaisir, et qu’elle ne se souciait de rien ; que les propos du monde ne la touchaient pas ;