Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/14

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esprit charmant ». Il aimait les invectives contre l’humanité et les blasphèmes contre le ciel. Il aimait les tempêtes des éléments et les orages furieux de l’âme. Il était fasciné par l’éternel personnage de Byron et aussi par Byron lui-même, mystérieux et énigmatique, « mortel, ange ou démon, et dont le monde encore ignore le vrai nom, » comme avait dit un peu naïvement Lamartine. Par là Musset rentrait pour ainsi dire dans son siècle. Il devenait ou il se faisait romantique. Il rejoignait d’un côté Lamartine, qui quoique toujours très original et toujours lui-même, subit quelque temps l’influence de Byron et de l’autre côté il rej oignait Théophile Gautier en sa première manière, le Gautier de la Comédie de la Mort et à d' Alberius. C’est ce Musset-là qui est le plus factice des trois et certainement le moins bon, et, ce qui est très naturel, c’est par celui-là qu’il commença. Il est très rare qu’on ne commence pas par imiter quelqu’un. Les jeunes poètes de sa génération commençaient tous par s’inspirer de Chateaubriand ; Musset réfractaire à cette influence, sans doute parce que les sentiments religieux de Chateaubriand ne lui plaisaient qu’à demi, sans doute aussi parce que le pompeux et la draperie majestueuse lui déplaisaient encore plus,’ imitait presque exclusivement lord Byron, aussi, un peu, Jean-Paul Richter.