Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/50

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Maîtres, maîtres divins, où trouverai-je, hélas!
Un fleuve où me noyer, une corde où me pendre,
Pour avoir oublié de faire écrire au bas :
Le public est prié de ne pas se méprendre...
Chose si peu coûteuse et si simple à présent,
Et qu’à tous les piliers on v£)it à chaque instant.
Ah! povero, ohimè! — Qu’a pensé le beau sexe?
On dit, maîtres, on dit qu’alors votre sourcil,
En voyant cette lune, et ce point sur cet i,
Prit l’effroyable aspect d’un accent circonflexe!
 
Et vous, libres penseurs, dont le sobre dîner
Est un conseil d’État, — immortels journalistes!
Vous qui voyez encor, sur vos antiques listes,
Errer de loin en loin le nom d’un abonné!
Savez-vous le Pater, et les péchés des autres
Ont-ils’grâce à vos yeux, quand vous comptez les vôtres?
— O vieux sir John Falstaff! quel rire eût soulevé
Ton large et joyeux corps, gonflé de vin d’Espagne,
En voyant ces buveurs, troublés par le Champagne,
Pour tuer une mouche apporter un pavé!

Salut, jeunes champions d’une cause un peu vieille,
Classiques bien rasés, à la face vermeille,
Romantiques barbus, aux visages blêmis!
Vous qui des Grecs défunts balayez le rivage,
Ou d’un poignard sanglant fouillez le moyen âge,