Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/90

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De la poupe, en chantant, se penche sur les flots.
Ses yeux sont égarés. Deux fois les matelots
L’ont reçu dans leurs bras, prêt à perdre la vie.
Et cependant il chante, et l’oreille est ravie
Des sons mystérieux qu’il mêle au bruit des vents.
« Le saule... — au pied du saule... », il parle comme en rêve,
« Barbara ! — Barbara ! » Sa voix baisse, s’élève.
Et des flots tour à tour suit les doux mouvements.
« Enfants, veillez sur lui ! — la force l’abandonne !
Sa voix tombe et s’éteint — pourtant il chante encor.
Quel peut être le mal qui cause ainsi sa mort ?
Couchez-le sur un lit, enfants, la mer est dure !
— Enseigne, répondit la voix des matelots.
Son manteau recouvrait une large blessure,
D’où son sang goutte à goutte est tombé dans les flots. »
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