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PREMIÈRES POESIES.

De quel sang es-tu fait, pour marcher dans la i^e
Gomme un homme de bronze, et pour que l’amitié,
L’amour, la conGance et la douce pitié
Viennent toujours glisser sur ton être insensible,
Comme des gouttes d’eau sur un marbre poli ?
Ahl celui-là vit mal qui ne vit que pour lui.
L’âme, rayon du ciel, prisonnière invisible,
Souffre dans son cachot de sanglantes douleurs.
Du fond de son exil elle cherche ses scenrs.
Et les pleurs et les chants sont les voix étemelles
De ces filles de Dien qui s’appellent entre elles.
FRANK.
Chantez donc, et pleurez, si c’est votre souci.
Ma malédiction n’est pas bien redoutable ;
Telle qn’elle est pourtant je vous la donne ici.
Nous allons boire un toast, en nous mettant à table,
Et je vais le porter :
Prenant un verre.
Malheur aux nouveaux-nés !
Maudit soit le travail ! maudite l’espérance I
Malheur au coin de terre où germe la semence,
Où tombe la sueur de deux bras décharnés l
Maudits soient les biens du sang et de la viel
Maudite la famille et la société !
Malheur à la maison, malheur à la cité.
Et malédiction sur la mère patrie !
UN AUTaE CHOEUB, sortant d’une maison.
Qui parle ainsi ? qui vient jeter sur notre toit,
A cette heure de nuit, ces clameurs monstrueuses.