Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1887.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais quand elle sentit sur cette mer immense Le vaisseau s’émouvoir et les vents soupirer, Le cœur lui défaillit, et, perdant l’espérance, Elle baissa son voile et se prit à pleurer.

X

Il arriva qu’alors six jeunes Africaines Entraient dans un bazar, les bras chargés de chaînes. Sur les tapis de soie un vieux juif étalait Ces beaux poissons dorés, pris d’un coup de filet. La foule trépignait, les cages étaient pleines, Et la chair marchandée au soleil se tordait.

XI

Par un double hasard Bassan vint à paraître. Namouna se leva, s’en fut trouver le vieux : « Je suis blonde, dit-elle, et je pourrais peut—être Ne vendre un peu plus cher avec de faux cheveux. Mais je ne voudrais pas qu’on pût me reconnaître. Peignes-moi les sourcils, le visage et les yeux. »

XII

Alors, comme autrefois Constance pour Camilie, Elle prit son poignard et coupa ses habits.