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Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/49

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NOËLS ANCIENS



Je n’en puis plus, mon cœur se fend,
Je me meurs, j’ai l’âme ravie,
Voyant, sous la chair d’un enfant,
Votre immensité raccourcie ;
Mais qui restreint plus votre main :
Ou la chair d’un enfant ?
Ou l’espèce du pain ?

Je sens mon esprit ravagé
Par des orages salutaires,
Il est doucement partagé
Entre ces deux rares mystères ;
Il vous adore également
Naissant dessus le foin,
Et sous ce sacrement.

En ces états miraculeux
Vous êtes toujours adorable,
Je reconnais que chacun d’eux,
Serait sans l’autre incomparable ;
Chacun de mon âme est vainqueur,
Toutefois, mon Seigneur
Pour tous deux n’a qu’un cœur !

Des deux mystères de ce jour
Chacun veut que tout mon cœur l’aime,
Mais c’est assez d’un seul amour,
Pour deux choses qui sont la même ;
Ô cieux ! ne vous étonnez pas
Si j’aime avec un cœur
Jésus en deux états !


Les Derniers soupirs de la Muse de Martial de Brives n’ont pas la voix distinguée, ni l’accent tragique des alexandrins de Corneille. Je n’en puis plus ! Mon cœur se fend ! Je me meurs ! ne sont que de vulgaires exclamations. Il peut être aussi fort utile, au point de vue de l’hygiène morale, que l’esprit soit ravagé par des orages salutaires, mais le bon goût littéraire, mis à ce régime, en souffre cruellement. Disons de suite, à l’honneur et à la justification du poète capucin, qu’une multitude d’expressions tenues aujourd’hui pour triviales et ampoulées par notre lexicologie, constituaient le langage châtié de la première moitié du dix-septième siècle. Mais