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jeunesse et de beauté. Cette étude ne peut d’ailleurs être stérile pour les nations qui l’entreprennent ; elle doit étendre le cercle des connaissances positives et contribuer ainsi aux progrès des sciences historiques et philosophiques.

L’Orient est un élément nécessaire dans l’histoire générale des sociétés ; il manquait aux anciens qui ne pouvaient bien comprendre les questions d’origine ; il a manqué aussi aux vues de Bossuet et à la synthèse de Vico ; il n’a pu être que deviné par le génie puissant de Leibnitz. Sans ce premier terme toutefois, la philosophie de l’histoire, prise dans son sens le plus étendu, resterait incomplète ; et c’est la gloire de Herder et de Frédéric Schlegel d’avoir tenté les premiers, bien qu’avec des vues différentes, la réhabilitation du monde Oriental dans le domaine du savoir historique. C’est en effet un grand spectacle que celui des civilisations diverses qui se sont succédé sur le sol de l’Asie, et qui ont laissé chacune son empreinte sur les monumens littéraires transmis jusqu’à nous ; leur caractère particulier s’y dessine nettement avec la différence des temps et des climats ; mais toutes ensemble sont liées l’une à l’autre par des traits non méconnaissables d’une affinité primordiale. Aussi l’étude philosophique de l’Orient ne peut être entreprise d’une manière plus large et plus féconde que par la connaissance approfondie des sources ; elle repose alors sur une intelligence plus vraie, plus intime de la pensée Orientale. Mais les difficultés des langues différentes, pour la plupart si riches et si compliquées, dans lesquelles les œuvres nationales de chaque peuple sont écrites, en ferment l’accès aux hommes qu’un esprit étendu et philosophique rendrait capables de les apprécier à leur juste valeur et d’en soumettre le contenu à une analyse sévère. Il est donc nécessaire qu’à côté de la science