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pris au dehors la religion nouvelle, importée avec ses livres, il ne faut pas oublier quel était l’état des pays Transgangétiques avant la propagation successive du Bouddhisme Indien, qu’on n’y connaissait que le culte grossier des élémens accompagné de superstitions, que leurs populations étaient encore plongées dans l’ignorance et réduites à une vie nomade. Expulsée de l’Inde par la force, la Réforme Bouddhique fut d’abord implantée au Nord dans le Tibet dont la langue, dès lors plus cultivée, servit à reproduire les livres doctrinaux de la secte et devint dans la suite des temps la langue sacrée de la religion des Lamas et de son sacerdoce hiérarchique : l’étude des collections Bouddhiques ne permet plus de douter « que les Hindous n’aient été les instituteurs des Tibétains, comme des peuples Tartares[1], en civilisation, en morale et en littérature. » Les peuples encore sauvages du Nord-Est de l’Asie se sont en effet soumis au même joug de la métaphysique Indienne : ce sont les mêmes livres qui ont été traduits dans la langue des Mongols, et plus tard dans celle des Mandschous, soit sur les originaux sanscrits, soit sur les versions authentiques en tibétain. Les idiomes de la Tartarie étaient incultes avant l’adoption et l’imitation d’une littérature déjà formée ; les peuples n’étaient point sortis encore d’une vie dure et sauvage ; et rien ne peut justifier l’hypothèse d’une haute civilisation du monde primitif qui aurait eu son siège dans la haute Asie, dans les régions désignées par le nom général de Tartarie[2]. Un spectacle différent nous est offert par la Chine : dans une antiquité reculée nous y voyons dominer la religion du Tao ou de la raison primitive, transformée en philosophie par Lao-Tseu six siècles environ avant l’ère Chrétienne. D’autre part, le

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