Page:Nève - Introduction à l’histoire générale des littératures orientales.djvu/85

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fait l’illustration de l’époque qui réunit Fr. Raphelengius, Th. Erpenius, J. Golius en Hollande, Ed. Pococke et J. Greaves en Angleterre ; Abr. Hinckelmann et L. Maracci publient les premières éditions complètes du Coran[1]. Le Persan commence aussi à être mieux connu : tandis que l’esprit de sa littérature revit dans les traductions d’Olearius et de Gentius, il devient l’auxiliaire des recherches historiques et philologiques dans les ouvrages des Th. Hyde et des Schickhard. Si les anciens idiomes de l’Inde ne sont encore représentés que par la langue du Malabar[2], le Chinois est déjà révélé à l’Europe dans quelques productions littéraires que les missionnaires ont choisies dans la multitude des ouvrages indigènes : livres classiques, traités moraux, romans historiques. C’en est assez de ces traductions et des notes intelligentes qu’y ont jointes leurs auteurs, les Intorcetta, les Rougemont, les Couplet, pour faire connaître la vie intérieure de la Chine, le caractère de sa civilisation, l’étrangeté de sa langue et les particularités de ses mœurs. Toutes ces choses, dépeintes au naturel par de si savans interprètes[3], ont formé bientôt un ensemble de faits capables de constituer l’opinion du monde Occidental sur l’antique empire qui n’est pas encore ouvert aujourd’hui à l’influence politique des états de l’Europe.

  1. Le premier, à Hambourg (1694, 4o), et le second, à Padoue, avec traduction latine, commentaire, réfutation (1698, 1 in-folio).
  2. Le Malabar a pu être donné longtemps comme la langue principale de l’Inde ; c’est sa partie littéraire qui a reçu dans les relations des Européens le nom de Grantham, c’est-à-dire, langue des livres, avant que le même mot fût appliqué au Sanscrit.
  3. On ne peut oublier quelle expérience avaient acquise en Chine les Lecomte et les Verbiest au milieu des hauts emplois que leur science leur avait valus : leurs travaux et leurs services ne sont que résumés par le P. Dubalde dans son édition des Lettres édifiantes et dans sa Description de la Chine, restée classique parmi les ouvrages spéciaux des modernes (4 vol. in-fol. ou in-4o, plusieurs fois réimprimés).