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NOTES 325

LE ROMAN

LE MONARQUE, par Pierre Mille (Calmann-Levy).

Une attention toujours en éveil, un esprit sans préjugés, une sympathie exempte de partis-pris, une vision libre et franche de la vie, telles sont les qualités de M. Pierre Mille ; son style ne tend qu*à les mettre en valeur. — Naguère, en disant le plaisir que me donnait Louise et Bamavaux, j'avais mêlé aux éloges un petit reproche de négligence ; sur quoi l'auteur a protesté, avec bonne grâce et non sans droit, car je m'étais mal expliqué : C'est en voulant louer en lui le moraliste, c'est en essayant de transcrire quelques remarques de psychologie sociale dont la justesse m'avait frappé, que j'avais souffert de n'y trouver point cette concision ferme et nette qui détache le trait, l'aiguise et le fixe dans la mémoire. Mais le conteur, convenons-en, n'est pas un faiseur de maximes ; il est naturel que ses réflexions ne s'isolent point de son récit. Et dans le récit même, comme il a raison de ne pas tendre vers une perfec- tion figée et glacée ! comme il a raison de vouloir que le bonheur des images et le juste choix des mots se subordonnent au rythme de la phrase, qui doit suivre aussi fidèlement que possible le déroulement des faits et des pensées, le mouvement même de la vie !

Tout de même, le Monarque me semble plus parfait, parce que les mêmes critiques n'y trouveraient plus où se prendre. Pour être moins surchargées de complétives ou d'incidentes, pour imiter moins souvent les détours d'une causeries, les phrases n'y ont pas un tour moins naturel, et ne suggèrent pas moins vivement le geste ou le jeu de physionomie qui convient pour les souligner. Les aventures du Monarque sont en elles-mêmes peu de chose ; l'art n'y perd rien ; dans ce livre alerte et lumi- neux on respire bien l'air de la Provence et l'âme de ses

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