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la nouvelle revue française

Viens, mon brave : apporte cette cuirasse et aide-moi à me revêtir. Si la fortune se détourne de nous aujourd'hui, c'est bien que nous l'aurons bravée. Allons !

Cléopatre. — Permets-moi de t'aider : où accroche-t-on ça ?

Antoine. — Laisse ! Laisse ! Occupe-toi d'armer mon cœur. — Pas ainsi. Pas ainsi. Là. Là.

Cléopatre. — Doucement. Bien. Je veux aider. Est-ce assez serré ?

Antoine. — A présent, à nous la victoire ! Suis-je bien, mon bon camarade ? Va t'équiper.

Eros. — A l'instant, cher Seigneur.

Cléopatre. — Na ! Cela n'est-il pas bien bouclé ?

Antoine. — A ravir. Et malheur à celui qui tenterait de le dégrafer avant l'heure et que ne m'y invite la soif d'un repos bien gagné. Tu t'embrouilles, Eros ; j'ai dans la reine un écuyer plus adroit que toi. Fais vite. O mon amour, que ne peux-tu me voir combattre, goûter toi-même à ce divertissement royal. Tu verrais aujourd'hui le bon artisan que je suis.

(Entre un officier armé.)

Bonjour, toi. Sois le bienvenu. On voit à ton aspect que tu sais le métier des armes. Le travail qui nous plaît nous trouve en disposition matinale et nous y courons pleins de joie.

Premier officier. — Un millier de soldats, Seigneur, matinaux comme moi, déjà tout harnachés, vous attendent aux portes de la ville.

(Sonneries de clairons. — Entrent des soldats et des officiers.)