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shakespeare : antoine et cléopatre
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camp. Cours au-devant de la Reine, et raconte lui nos exploits.

(Cléopâtre et sa suite apparaissent dans le fond de la scène.)

Demain matin, dès avant le lever du soleil, nous achèverons de les saigner. Mes valeureux amis, je vous rends grâces à tous ; vous avez bien battu ; et non pas comme pour la cause d'un autre, mais chacun faisant de ma cause la sienne. Chacun de vous s'est montré vaillant comme Hector.

Rentrez en ville, embrassez vos femmes, vos amis ; dites-leur vos prouesses. Que leurs larmes de joie lavent le sang caillé, et que leurs lèvres, avec vénération, se viennent poser sur les lèvres de vos blessures. (à Scarus) Donne-moi ta main.

(Cléopâtre venant sur le devant de la scène.)

Je veux présenter ta valeur à cette grande enchanteresse et que sa louange te récompense. O toi, jour de ce monde, enchaîne avec ton bras mon cou. Viens sur mon cœur, sur mon cœur tout armé, et chevauche à travers ma cuirasse, en triomphe sur ses bondissements.

Cléopatre. — Roi des Rois ! O héroïsme sans limites, ton retour souriant échappe aux embûches des hommes.

Antoine. — Mon rossignol. Nous les avons chassés jusqu'à leurs lits. Oui, ma fille ! (Il lève son casque et montre ses cheveux) Bien que les gris soient quelque peu mêlés aux bruns, nous avons gardé de la cervelle assez pour raidir encore nerfs et muscles et pour damer le pion aux jouvenceaux.

Vois ce guerrier. Accorde ta main favorable à sa lèvre. Vas-y d'un baiser, brave. A le voir combattre aujour-