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122 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la portée de l'œuvre d'Einstein, il rappelle toute l'évolution de nos idées sur la lumière et l'électromagnétisme. Cette page d'histoire de la Science est frappante, et remarquablement présentée. On saisit, en relisant ces lignes, l'effort incessant de regroupement, qui caractérise la pensée scientifique. Les conceptions se succèdent, avec d'apparentes contradictions et révolutions, mais chaque pas marque une coordination plus avancée ; des phénomènes, en apparence étrangers, viennent trouver leur place, les uns après les autres, dans une synthèse chaque fois plus complète. Une théorie semble en renverser une autre : en réalité, elle en garde tout l'essentiel ; elle modifie quelques notations, redresse quelques traits, mais conserve tout entier le dessin logique, pour le situer, seulement, dans un cadre élargi et simplifié. Einstein arrive ainsi, guidé par les faits, à sa première théorie de la relativité, si discutée au début pour le trouble qu'elle portait à de vieux préjugés chers à nos esprits. Mais tout un groupe de phénomènes, gravitation et pesanteur, échappaient encore à cette synthèse. Parmi les nombreuses tentatives, souvent extrêmement ingénieuses, (celle de Mie par exemple^, faites pour raccorder ces deux domaines, seule la conception d'Eins- tein (Relativité généralisée) résiste à l'épreuve des faits. Elle interprète aisément le déplacement du périhélie de Mercure, paradoxe astronomique jusque là inexpliqué. Elle prévoit la déviation des rayons lumineux par le soleil, et le déplacement des raies spectrales ; or ces deux points semblent, actuellement, bien vérifiés par l'expérience.

M. Fabre n'essaye pas de nous exposer en détail cette seconde théorie d'Einstein, dont l'abstriaction mathématique est extrême. Il note pourtant toutes les étapes de l'évolution, guidée par la logique intime des faits, et tente d'en dégager la valeur philo- sophique. Il nous résume aussi l'attitude des savants, à l'égard des théories d'Einstein ; regrettons seulement que l'auteur ait à peine noté la si curieuse extension due à Weyl ; et pourquoi cite-t-il les travaux de Guillaume et Varcollier, dont l'insuffi- sance est avérée? Einstein relève d'ailleurs ce point dans la pré- face qu'il a donnée au livre de Fabre.

Signalons que Gauthier-Villars a publié, ces jours-ci, deux petites plaquettes, traductions de remarquables exposés d'Eins-

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