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RESPONSABILITÉS 183

abandonnés depuis une demi-heure pour une bêtise, un fait catalogué, courant : un accident du travail.

« Allez, tout le monde à l'ouvrage. Avec quatre hommes ici j'en ai assez. Reynaud, Boss}', emmenez votre monde. Allez... » Heureux d'avoir un prétexte, les hommes se dis- persent ; on voit leur soulagement. L'affau-e ne les intéresse plus^ on s'en occupe ; leur initiative n'est plus nécessaire. Pour eux aussi elle est classée.

Pour transporter le blessé quand sa jambe sera immo- bilisée : une civière. Une couverture roulée sur des bâtons ? Un panneau de porte ? non, les charpentiers auront vite fait une ci\'ière convenable. II explique à Pierre : deux chevrons de 6 X 7 de 2 m. 20 de long. Une traverse à 15 c/m de chaque bout. Largeur: 50, c'est trop, 40. Ils dis- cutent quelque temps et du doigt dessinent dans le sable.

Les chevrons sont beaucoup trop lourds pour servir d'attelles, deux lattes à panne suffisent. Vexé, Ridai les attache et prend le pouls de l'homme, espérant une revan- che. Les pulsations s'espacent irrégulières. — Il hésite. — Elles s'arrêtent et reprennent après quinze secondes. L'homme exsangue, sans lèvres, renversé en arrière, est effondré ; son l'aie même a cessé. Il va passer, je ne risque rien, pense Ridai et il note la pâleur de Pierre qui s'est tu. L'aiguille flambe sur une allumette et plonge dans l'am- poule de caféine. Etrange sensation l'aiguille qui crève la peau... Instant d'orgueil quand un œil s'ouvre et la bouche s'agite. Il voudrait être le bonhomme qui a découvert la caféine. Puis il pense : la veine.

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��Maintenant la tête bandée sur le brancard que quatre hommes font cahoter, après un retour en arrière pour voir s'il n'a rien oubHé, il fait défiler les images successives du reste du programme. Téléphoner à l'agent de l'assurance, qui téléphonera à son tour à l'hôpital pour faire envoyer

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