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de se ménager. » Nous voici loin du pacifisme, de Texode en Suisse des intellectuels de l'opposition dont certains pourtant si. courageux. Mais à dix-sept ans, cette attitude n'est-elle pas la plus naturelle ?« Quelle funeste erreur », s'écrie-t-il, «de croire qu'il n'y ait rien vis-à-vis de quoi on ne soit obligé à une opinion, à un point de vue. Je tiens pour absurde, en présence du dieu de la guerre, de vouloir prendre parti, — on ne peut que pleurer, prier, aimer, haïr, sacrifier sa vie ou en commencer une nou- velle. » Il ne pense pas un instant à se croire au-dessus de la mêlée. Pour l'être si naturel qu'était Otto Braun, si naturel- lement et si ardemment épris de la vie, la plus grande somme de sacrifices c'est dans la mêlée qu'il la trouvera.
« Tout comme je supporterais difficilement de rentrer au foyer en ce moment » (il n'avait encore été qu'une seule fois au feu) « tout autant », écrit-il, « (je vous le dis ouvertement car vous savez que je ne manque pas de courage) la pensée m'est insupportable que je puisse être tué dans l'état où je me trouve maintenant. »
La caserne comme la tranchée, où il porte toute son ardeur et sa soif intellectuelle entière, où ne le quittent guère les plus hautes préoccupations de culture, de morale et de politique, lui sont écoles de vie. En très peu de temps, l'adolescent y devient un homme, et presqu'un saint, et déjà on sent en lui l'étoffe du chef, de l'homme d'état, du législateur. A cet enfant de qui l'amour de parents d'élite avait éloigné jusque-là tout contact avec la bassesse et la laideur humaines, la dureté de la caserne, et d'une caserne prussienne, la scandaleuse injustice de chefs « boches » dans la pire acception du terme, n'arrachent pas une récrimination '. Là où il ne peut plus en sourire, il se félicite que la guerre apporte un tel contrepoids à son éduca-
��I . « Le langage odieusement injurieux des sous-officiers (rien ne peut vous en donner une idée) si offensant pour l'honneur personnel, com- biné avec le service d'écurie, est d'une valeur éducative incomparable. On apprend à tout supporter et à se dominer parce qu'il le faut. » (Lettre à ses parents). Les officiers du 21e chasseurs à cheval où Mac- kensen l'avait fait entrer, souffrent mal ce fils de socialistes militants qui, à leur avis, dépare le régiment, — ils l'accablent d'ignobles chi- canes et le poursuivent de criantes injustices, le forçant finalement à demander son déplacement.
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