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POÈMES DE KABIR

traduits sur la version anglaise de

RABINDRANATH TAGORE

(Fragments)


Le poète Kabir est une des figures les plus intéressantes du mysticisme hindou.

Né à Bénarès, de parents mahométans, aux environs de 1440, il devint de bonne heure disciple du célèbre ascète hindou Ramananda, qui prêchait dans le nord de l’Inde le réveil religieux, que Ramanuja avait déjà apporté dans le sud au XIIe siècle. Ce réveil était à la fois une réaction contre le fanatisme excessif du culte orthodoxe et une revendication des droits du cœur en face de l’intellectualisme exagéré du monisme védantiste. La prédication de Ramanuja avait la forme d’une dévotion ardente au Dieu Vishnou, représentant la forme personnelle de la divine Nature. Ce fut cette religion mystique de l’amour qui apparaît partout où se rencontre un certain niveau de culture spirituelle et que les croyances et les philosophies sont impuissantes à détruire.

L’histoire de Kabir est environnée de légendes contradictoires auxquelles on ne peut accorder foi. Quelques points seulement paraissent à peu près certains. Il était le fils, ou l’enfant adoptif d’un tisserand de Bénarès, et c’est dans cette ville qu’il passa la plus grande partie de sa vie. Il n’adopta jamais la conduite d’un ascète professionnel ; il ne se retira pas du monde pour mortifier son corps et se livrer à la contemplation. Toutes les légendes s’accordent pour dire qu’il exerça lui-même le métier de tisse-