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312 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

l'une après l'autre, pareilles à des portes sonores ouvertes sur l'infini. Avec M™^ deNoailles, je suis entraîné au hasard dans le labyrinthe ; avec le poète classique je sens dans ma main le fil d'Ariane. Le poète du Cœur innombrable avait eu le pressentiment d'un art plus sobre qu'à tort elle a cru moins touchant :

Enfant Eros qui joue à Vonibrc des surgeons

Et lois aux sources claires. Toi qui nourris ainsi qu'un couple de pigeons

L'amour et la colère

... Mon dme des amours qu'elle eut l'autre saison Est encore étonnée...

Mais je ne voudrais pas paraître citer à dessein son pre- mier recueil. C'est dans les Eblouissements qu'il faut chercher cet Eté qui n'est qu'une invocation et qu'un cri vers l'azur, mais beau comme une flamme haute qui monte en plein soleil et qui lutte avec le jour.

Vents bleus ! sourires de l'espace ! Au fond des deux polis et durs L'azur, Va^ur poursuit l'an^ur Un flot léger sur l'autre passe...

. . . Quel bruyant orgueil me soulève ! L'univers, le sublime été. Ont-ils dormi dans mon coté Comme Adam portait le corps d'Eve.

En faveur d'une image sublime, on passe sur la syntaxe embarrassée des deux derniers vers.

Dans les Vivants et les Morts j'ai cherché une pièce par- faite, d'un seul jet et d'une seule coulée, et je ne l'ai pas trouvée.

Aux approches de la mûre saison, les cris de passion se font plus douloureux, mais tout, rêverie philosophique, méditations et, comme dit l'auteur, élévations, tout y paraît trouble et frénétique. Trop souvent la rhétorique remplace la passion, et les accessoires exotiques dont j'ai tenté de montrer par ailleurs les fâcheux effets, sont de plus en

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