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464 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sais rien et n'en veux rien savoir ! Va-t-on demander ce que fit, minute par minute, la romanesque Marinette quaind, sous la conduite de M^^^ Gérard d'Houville, elle rendit visite à l'enchan- teur Merlin ? va-t-on surveiller de si près Alice, jeune Anglaise voyageant au pays des Merveilles ou se fondant dans un miroir? va-t-on imposer à Mowgli dans la jungle une règle logique plus sévère ? — Non ! certes non ! Si vous tenez à ce supplément d'information, tâchez de l'obtenir en relisant vous-même.

GILBERT DE VOISINS

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��L'ANGE DU BIZARRE (Ferenczi) ; MÉMOIRES D'UN DADA BESOGNEUX (CrèsJ, par Pierre Mille.

Pierre Mille a rassemblé dans ces deux volumes un certain nombre de contes et de chroniques publiés par lui dans le Journal, le Temps ou dans l'un des autres quotidiens où il colla- bore avec une assiduité qui tient du miracle.

Dans ses contes, on retrouve la fertilité d'invention, l'ingé- niosité dans la mise en œuvre, la franchise dans « l'attaque » et le développement du récit, la simplicité de facture, tout cet ensemble de qualités qui, depuis Maupassant, ne s'étaient plus jamais rencontrées chez un conteur français. Moins émouvant que Maupassant, Pierre Mille a plus d'humour, un humour qui chez lui n'est pas la pudeur de la sensibilité, mais la fleur d'une intelligence sans cesse en éveil et qui ne veut point être dupe.

Rationaliste impénitent, il se penche avec la curiosité d'un homme sain en visite dans un asile d'aliénés sur tous les mys- ticismes et sur tous les mystères de l'instinct. Son culte pour l'intelligence et même pour cette forme simpliste et grossière qu'est le bon sens le pousse à en étudier toutes les déviations et ne lui masque pas la toute-puissance des forces qui luttent contre elle dès qu'elle prétend quitter le cerveau 011 elle est née pour pénétrer dans le règne de l'action. L'instinct, la race, les passions, l'empreinte sociale, autant d'ennemis implacables, et le plus souvent victorieux de l'intelligence pure, autant de ruines à sujets pour Pierre Mille. Un de ses thèmes favoris, c'est l'effort impuissant de l'homme pour canaliser l'innom- brable variété des cas individuels dans des règlements et des codes. Il admire chez les Anglais la faculté de faire abstraction

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