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NOTES ^ 477

cercle où cette tradition (il y a de cela trente ou quarante ans) était le plus jalousement gardée : celui de Madame Schumann, de Joachim, de Brahms. Dans ce petit monde aux mœurs sim- ples, à la vie austère soutenue par de grands enthousiasmes, Miss Smyth semble être tombée comme un oiseau étrange et sauvage dans un poulailler. On le sent agréablement surpris et légèrement bouleversé par l'intrusion de cet être étrange venu du Nord, dont l'esprit entreprenant et capricieux est si différent de celui du haclifisch indigène et qui est capable de tenir tête à ses hôtes sur le terrain sacré de la musique. L'image est devenue historique avec tout ce qui depuis s'y est ajouté ou en a dis- paru; nous regardons par delà un abîme, et là, -dans le lointain, toute petite, brillante, et distincte, nous retrouvons cette vie dont le souvenir est resté si net et qui paraissait si stable et si fixée avec ses petits potins, son économie frugale et sa musique de chambre classique, où Wagner était encore un parvenu, qui venait corrompre le goût musical par son art tapageur. Miss Smyth reproduit fidèlement cette vie, avec un mélange judi- cieux de sympathie et d'ironie, et elle en fait non seulement le sujet d'une admirable étude de mœurs mais aussi le fond d'aven- tures personnelles variées et étranges dont le romantisme va jusqu'au dramatique, et qu'elle rend avec art et sincérité. Impres- sions that remained, à la fois reproduction des choses vues, et drame d'une âme large et originale, nous offre sans aucun doute de grandes richesses. Dans le livre qui lui succéda, l'au- teur donne des aperçus d'un cercle plus grand, de petites esquisses frappantes de personnalités en vue telles que la reine Victoria, l'impératrice Eugénie, l'empereur d'Allemagne, auxquelles elle donne une fraîcheuret une plasticité qui ferait croire qu'on les rencontre pour la première fois. Voilà donc un écrivain qui a décidément apporté quelque chose de nouveau dans le monde littéraire, ne laissons pas passer un tel événement sans le célé- brer.

L'autre livre auquel s'est arrêté mon choix est une œuvre écrite d'une main délicate et parcimonieuse, connue et admirée depuis longtemps. Le lecteur critique a deux choses à repro- cher à M. Max Beerbohm, deux seulement. La première c'est de publier si rarement un livre. Nous attendons, et, après des années d'attente, il arrive un petit volume de contes ou d'essais,

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