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angoisse. En 191 3 parait un drame symbolique La rose et la croix — sur le sujet d’une légende bretonne du Moyen Age. C’est, de nouveau, le thème de l’amour jusqu’à la mort pour la Dame de Beauté.

Pendant la guerre Block se tait ; c’est ensuite la révolution, puis le triomphe du bolchevisme. Alexandre Block fait paraître ses Dou\e, puis tes Scythes et plusieurs articles sur la ques- tion des rapports entre le peuple et les intellectuels, atta- quant violemment ceux qui maudissent la révolution et s’en détournent, épouvantés par les catastrophes qu’elle déchaîne. Pour le poète, la révolution russe était avant tout une révolution intellectuelle, morale ; à travers les souffrances et les maux elle doit nous rénover complètement ; il faut détruire pour recons- truire un nouveau monde. Son extrémisme est mystique et slavophile : la Russie aune mission unique. Il voit le bolche- visme non tel qu’il est en réalité, mais en son idée, en son essence religieuse : le Christ lui-même, invisible à leurs yeux, conduit, sous la tourmente de neige, au combat, au sacrifice, ces douze soldats rouges, ces bandits, apôtres inconscients, naïfs dans leur souillure, d’une foi nouvelle. C’est l’ancienne opposi- tion entre l’Orient et l’Occident qu’il renouvelle dans ces Scy- thes : en face de l’ancienne Europe, confiante en sa science et où régnent l’ordre, la mesure et le calcul, se dresse l’esprit révolu- tionnaire russe, qui veut tout ou rien, qui ne reconnaît aucune limite, formidable et chaotique.

Les derniers vers de Block ne furent pas publiés ; de ses ïambes on ne connaît ici que quelques fragments, ces deux vers entre autres, écrits au lendemain même de l’émoi provoqué par Les Dou\e :

Nous autres, poètes, nous n’avons pourtant pas changé. Sévères et purs comme devant sont nos temples.

BORIS DE SCHLŒZER


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MA VIE D’ENFANT, par Maxime Gorki. Traduit du russe par Serge Persky.

Voici un très grand livre qui vient enrichir la littérature universelle. Il faut accueillir avec gratitude cette occasion d’admi-