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AMANTS, HEUREUX AMANTS... 54!

rées contre les coups de tête, et puis, sans qu'on sache comment, — ni elles-mêmes, — elles sont arrivées à leur majorité sentimentale, et ont perdu l'équilibre. J'ai vu aussi, dans le premier cas, la surprise du mari : comme Père-et-Mère déjà vieux quand le grand fils commence à découcher. Car c'est ainsi que ça se passe : elles ne savent pas s'y prendre, ne savent pas dissimuler, pensent qu'elles n'ont pas besoin de dissimuler. Ça se voit à leur allure, à leurs regards, à ces longues plaintes qu'elles font, à tout venant, contre leur mari. Elles sont même fières de s'être affranchies. Mais, vu de l'extérieur, c'est ceci : elles étaient tranquilles, effacées, discrètes et, dans certains cas, faites pour être passionnément et fidèlement aimées par un homme exceptionnel, fin et délicat ; et les voici, en peu de temps, devenues hardies, voyantes, importunes et ennuyeuses, faites pour plaire à n'importe qui, à la grande masse des hommes qui vont à ce qui brille et à ce qui se fait remarquer. Et, si elles ont un peu attendu pour se transformer ainsi, elles sont franchement ridicules. Voilà ce qui peut fort bien arriver à Pauline et qui n'arrivera ni à Inga ni à Romana Cerri. Discrètes, maîtresses d'elles- mêmes, ayant une vue juste de ces choses. Inga, ne met- tant personne dans ses secrets, Romana, sage, pleine d'ex- périence, fermée. Plus sage que Inga : la vieille sagesse d'un peuple civilisé depuis plus longtemps que le peuple d'Inga. Nourrie par l'olivier, le plus sage des arbres. Sor attachement, sa manière d'être avec Inga. Comme vous aime l'épouse dont, à moins d'être un imbécile, on ne se lasse pas. Quand, pour une raison ou pour une autre, la rupture se fera, elle se donnera de la même façon à un homme. Ton peuple sera mon peuple. « Tu es confiante et amie de l'homme » : Su tl tcitt^ xat çiAavopoç. D'où cela me revient-il ? Ah ! Lucien : le seul dialogue que j'aie aimé suflSsamment pour le retenir. Le dialogue entre Mou- sarion et sa mère, qu'elle appelle Ma[jL[j.àp'.ov. Comme elle défend bien son amour contre sa mère qui voudrait la vendre

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