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l’existence se lier à quelqu’un, et ensuite ni défaite, ni regret ; rien, rien… Tout consommé, fini ! Maintenant déjà, je ne puis plus reculer. Dans une minute nous aurons sur la tête la couronne des mariés. Plus même moyen de s’en aller. La voiture attend, tout est prêt. N’y a-t-il vraiment plus aucun moyen de s’en aller ? Assurément aucun. Là-bas, aux portes, et partout, il y a des gens qui me demanderaient où je vais. Impossible, non ! Tiens, une fenêtre ouverte ! Si j’en profitais ! Non, impossible ! Que dirait-on ? D’abord ce ne serait pas convenable. Et c’est haut. (Il s’approche de la fenêtre.) Pas si haut que ça ! Rien que le soubassement, et pas très élevé. Mais je n’ai même pas de chapeau. Que ferais-je sans chapeau ? C’est malséant. Bah ! est-ce qu’on ne peut pas sortir sans chapeau ? Si j’essayais, hein ? Est-ce que j’essaie ? (Il monte sur le rebord de la fenêtre et en disant : Que Dieu m’assiste ! il saute dans la rue. On l’entend gémir en bas : Ah ! diable, que c’était haut ! puis crier : Eh, cocher !)

Voix d’un cocher. — Faut-il avancer ?

Voix de Podkolièssine. — Près du pont Sémionov, sur le Canal.

Voix du cocher. — Dix kopeks, pas moins.

Voix de Podkolièssine. — Approche. En route. (On entend le bruit d’une voiture qui s’ébranle et qui part.)


Scène XXII

Agafia Tikhonovna.
(Elle est en robe de mariée, timide, baissant les yeux.)

Je ne sais ce qui se passe en moi. J’ai honte à nouveau, et je tremble toute. Ah, si, rien qu’une minute, il pouvait n’être pas là ! S’il était sorti un instant. (Elle regarde timidement autour d’elle.) Mais où est-il ? Il n’y a personne. Où est-il passé ? (Elle ouvre la porte de l’antichambre et demande.) Fiôkla, où est allé Ivane Kouzmitch ?