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CÉSAIRE 585

m'as rien pris à moi. (A Benoit.) Vrai, quel nigaud tu fais d'avoir peur.

Benoit. — Oh ! peur ! peur ! Après tout, j'aime mieux passer la nuit à l'abri que dehors... S'il fait le mauvais cou- cheur, je vois ce qu'il faut qu'on lui rappelle. Si ça te fait plaisir de parler de Rose-Marie, nous en parlerons, mon bon Césaire !

Lazare. — Alors bonsoir.

Césaire, depuis un moment, observe La:;ïtre avec un grand intérêt. — Tu ferais mieux de prendre ton tricot. Il fait froid.

Lazare. — C'est une idée.

Césaire. — Tu ne t'étonnes de rien, toi !

Lazare, pour Je blaguer, fait le geste de jouer de la flûte. — Tu tu tu tu... Bonne nuit, vous deux !...

(// sort.)

SCÈNE V

{Césaire, un instant, tient les yeux fixés sur la porte par oii vient de s'éloigner La:iare. Il semble avoir oublié Benoit. Puis il va vers son baluchon, déplie une couverture ; quand sa couchette est prête, il s'y assied, allume une pipe. Pendant ce temps, Benoît s'est installé à la table, il mange sa soupe et, de l'air d'un homme qui a repris tout l'avantage, il ne perd pas des yeux Césaire. Quand celui-ci se décide à regarder de son côté, il passe à l'attaque.)

Benoit. — Eh bien, ça te calme, on dirait, de te rappe- ler tes amours... Tu peux te vanter de nous avoir donné du mal ! Rose-Marie en pinçait pour toi. Nous lui disions^ Yvon et moi : « Voilà que tu as pleuré, Rose-Marie ! Une belle fille qui fait tourner tout le port au bout de son petit doigt ! » Elle se fâchait : « Je n'ai pas pleuré. Tu mens. Je suis laide. J'ai la peau jaune et des poches sous les yeux. » Il n'y avait pas à lui faire entendre raison... Heureusement dès qu'on découvre tes ruses, tu es comme un crabe qu'on a

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