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CÉSAIRE 593

Lazare. — Qu'est-ce que tu ferais ?

Benoit. — D'un seul bond, comme un chien sur un rat!...

Lazare. — Essaie.

Benoit. — II est trop fort.

Lazare. — Il peut à peine soulever l'ancre et la chaîne, et toi tu les portes à bras tendus.

Benoit. — Il a la force de dix diables.

(Il se signe.)

Lazare. — Si tu te signes...

(Il fait de même.)

SCÈNE II

Césnire rentre du travail. Il enlève son ciré, buis apercevant Benoît :

CÉSAIRE {à Benoît). — Tu n'es pas honteux de te laisser servir par un homme qui vaut mieux que toi !

Lazare. — Alors tu es pour que les anciens obéissent aux jeunes ? Moi, ça me va.

Benoit (à Césaire). — Tu appelles homme ce nigaud qui ne sait ni lire ni écrire !

Césaire. — Tu n'appellerais pas homme non plus cet enfant de dix ans qui, du temps des Saints, se laissa brûler vif plutôt que d'obéir à ceux qui voulaient lui faire dire : « Jarnidieu » ? Tu n'aurais pas résisté longtemps, toi, tout homme que tu es. Allons, travaille !

Lazare {à Césaire). — Laisse-le ! Dis donc, toi, pèle les pommes de terre un peu.

Césaire est surpris, mais ne se fâche pas. — Si c'est pour te tenir compagnie.

(Il s'assied).

Lazare (lui remettant son couteau'). — Tiens. (A Benoît) Passe-moi ton couteau.

(Benoit ouvre une forte lame à cran. Lazare la prend,

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