Page:NRF 17.djvu/628

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

^23 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nous étions enfants. Le livre s'ouvre sur un méchant sonnet où s'allonge un vers digne de figurer dans Coppée ou Manuel (du parfait versificateur) :

Tels sont les principaux sujets que j'ai traités.

Des images grossièrement colorées, des notations « impres- sionnistes » mais où l'impression ne frappe presque jamais l'es- prit du lecteur, et seulement sa wlq, son odorat, son ouïe. On y relève mille naïvetés : « Je te méprise et je t'aime ! » dit l'auteur à sa maîtresse qu'il appelle « ribaude infâme ». Plus loin, dans Variation sur un Air Connu, il défleurit la houlette de Némorin et les cheveux d'Estelle ; il montre sa maîtresse dans une attitude qu'on ne saurait décrire : accroupie au coin d'un bois, la jupe relevée ! L'auteur regarde la vie à travers des lunettes noires alors qu'on aimerait plutôt à la voir en rose. Il y a de jolies pages sur la Bièvre, le Point du Jour et les cafés chantants, mais tout cela écrit d'une encre trop noire, sans émotion, sans amour. Huysmans a vieilli. Il -nous serait difficile dépeindre un monde aussi laid, que nous créons à notre image...

je n'oublie pas de citer un charmant détail inattendu : « J'aime par-dessus tout, j'aime à en mourir, ton nez. ton petit nez ! »...

L'auteur avait voulu que ce drageoir fût rempli d'épices aphrodisiaques ; les années ont altéré leur vertu ; aujourd'hui nous trouvons quelque peu éventées ces vaines dragées d'Her- cule. GEORGES GABORY

  • *

LA LANTERNE MAGIQUE, par Théodore de Bajiville (« La Connaissance »).

Dans sa préface, Banville range la Lanterne Magique à la suite des « Fantaisies de Gaspard de la Nuit et des Poèmes en Prose de Baudelaire ». Ce serait lui faire le plus grand tort que de le prendre au mot et de mesurer ces fantaisies parisiennes à la même aune que les « proses » d'Aloysius Bertrand ou de Baudelaire. Il s'agit bien dans les deux cas, comme le dit encore Banville dans sa préface, de « compositions assez courtes pour être lues en deux minutes », mais toute la ressemblance se borne là.

Ce que cherche Banville, ce n'est ni, comme Bertrand, à

�� �